Catégories
Non classé

Une immense polarisation

Ce week-end, j’ai l’impression qu’il s’est passé quelque chose d’important.

Samedi matin, je devais me rendre au décrochage de mon expo à Ploeren. Et malgré les moments passés à rassurer mes parts inquiètes par cet événement, en répétant plusieurs fois le déroulé de la journée, en écoutant et tentant de rassurer les différentes inquiétudes, j’ai, comme je me doutais, passé une nuit qui m’a semblé blanche…

Peut-être parce que je l’avais prévu ou anticipé, cette nuit a été calme malgré le manque de sommeil. Et j’en ai profité pour me placer à côté de cette part qui semblait être la veilleuse, celle qui ne voulait pas du sommeil. Je n’ai pas essayé de lui parler, je n’ai pas essayé de rentrer en contact, juste être à côté d’elle et sentir son énergie.

Une fois le petit matin arrivé, aux environs de 6 heures, j’ai commencé un rapprochement plus conscient et plus verbal, j’ai commencé à lui parler.

J’ai senti alors cette énergie très, très, très, très, très loyale.

Une part assez hautaine, supérieure. Pas par méchanceté, mais par… par obligation. Une part… protectrice. Très dure, très, très raide, implacable, inflexible. Pas du tout méchante, mais… mais massive et… et extrêmement collée à moi.

D’ailleurs, au début, je me disais… j’ai l’impression que c’est… c’est moi que je regardais, que c’était moi qui parlais. Je n’avais jamais vraiment pris conscience de cette part.

En lui parlant, en essayant de comprendre qui elle était elle me montrait comme image : une après-midi, un dimanche après-midi… où avec… un ou deux copains de mauvaise fréquentation… on venait d’aller voir voler de l’argent… dans le tiroir… du secrétaire du père d’un copain. On y avait trouvé la réserve de billets quelques week-ends plus tôt.

C’est fiers de nos billets en poche, qu’on allait à l’épicerie acheter des… des Kinder Surprise.

Quand j’y pense, cette… cette image comme ça… lui fait froid dans le dos à cette part. C’était tellement immoral, tellement bête… voler de l’argent pour aller acheter des Kinder Surprise. C’est comme… des enfants qui veulent jouer aux grands… sans aucune valeur, sans se rendre compte de… de quoi que ce soit.

A ce moment précis j’ai pu comprendre l’attitude de certaines personnes qui ont reçu une éducation assez sauvage et qui s’engagent dans la police ou la gendarmerie. Telle ceux que j’ai vu dans le reportage sur les gendarmes des mega-bassines ou d’autres ouvriers que j’ai pu croiser qui on une sorte de loyauté sans faille pour la loi et « ce qu’il faut faire ».


Une part qui serait née pour canaliser, pour écraser une énergie un peu trop disparate et trop désordonnée. Et je me suis dit, une part qui est née pour donner une existence plus digne, qui emprunte des valeurs un peu plus hautes, mais qui a pris beaucoup de place dans ma vie. Et qui, je pense, est terrorisé de tout ce qui est un peu lâché-prise, un peu liberté, un peu tout ce qui est de l’ordre, de jouer avec les règles, d’enfreindre les règles. Terrorisé de la spontanéité, de l’amusement, je crois, aussi. Parce que c’est ça qu’elle a aussi bloqué. Même si c’était immoral, d’aller voler de l’argent, c’était quand même un sentiment de liberté, un sentiment de tout est permis, peut-être même une reprise de pouvoir.
Et j’ai fait un lien ce matin-là. Je ne sais pas s’il est… très solide. Néanmoins, il me paraissait cohérent. Il me semblait que c’était chaque fois avant un événement artistique que l’insomnie me touchait. Et effectivement, on peut dire que l’artistique est là où la liberté, la joie, la fronderie, de l’adolescent, la jeunesse, s’exprime le plus. Et effectivement, si cette part avait comme mission de freiner ses élans, c’est effectivement avant ces événements qu’elle devait être le plus en alerte, le plus inquiète, parce qu’une grosse part de moi veut aller dans cette direction.
Je me suis senti, à ce moment-là, au centre de deux directions massives que veulent prendre de deux oppositions massives au centre d’une polarisation énorme une polarisation centrale, une polarisation existentielle que je vis depuis des années et des années composée d’un côté de d’un ensemble de parts qui cherchent la liberté l’expression, la joie, l’élan l’insouciance l’expression la dénonciation, la la toute ces qualités qui sont reliées à à l’enfance, à l’adolescence et à l’expression artistique et d’un autre côté issu d’une éducation très classique d’un héritage très très classique une force qui cherche vraiment à me à me rendre discret poli polissé éduqué élevé dans le rang social avec des valeurs et cette polarisation est est ultra puissante en moi et jusqu’il y a deux jours relativement inconsciente et je revois passer dans ma vie toutes ces périodes où j’allais soit massivement dans un sens soit massivement dans l’autre comme si durant toutes ces années il n’était pas possible de les concilier soit j’étais dans une expression artistique très libre, trop libre et qui à un moment me faisait peur je retournais dans des choses comme le code des choses très très normées très rassurantes parce que très cadrées très intellectuelles.
Pendant quelques courts instants, je me posais entre ces deux parts, les comprenant toutes les deux, les aimant toutes les deux, et j’ai même eu l’impression qu’à un moment j’ai réussi à faire en sorte que l’espace d’un instant, elles se comprennent l’un l’autre, l’une l’autre. D’ailleurs c’était étonnant parce que mon cerveau m’a envoyé une image que j’ai mis du temps à comprendre. Cette image représentait une route, un tournant, un virage, un double virage, qui se situait devant la piscine de Brenlaleu. Je me disais, tiens, il a dû se passer quelque chose à ce lieu que je vais découvrir. Mais peu de temps après, j’ai eu comme une révélation. Parce que ce lieu était un lieu de croisement. C’est la route que j’empruntais avec le bus de l’école primaire pour aller à la piscine municipale. C’est la route que j’empruntais avec mes parents pour aller à cette piscine. C’est la route aussi que j’empruntais avec mes parents pour aller voir mon oncle, qui habitait juste à côté. Et enfin c’était l’endroit exact où se trouvait ce fameux arrêt de bus que je prénommais la grille. Cet arrêt de bus que j’ai vécu des années au collège dans beaucoup de souffrance. Et je me suis dit, tiens, ce lieu est comme représentant de plusieurs couches de mon existence. L’enfance à l’école, l’enfance en famille et enfin l’adolescence. Et ça me parlait parce que j’avais l’impression d’être entre ces deux parts, vraiment dans un carrefour où plusieurs générations de ma vie s’entrecoupaient, se rejoignaient. Je fais une petite pause ici et je raconte la suite plus tard.

Catégories
Rêve

Revenir à la maison

Cette nuit, un rêve très massif, je l’ai fait il y a plusieurs heures, et je n’ai pensé qu’à lui toutes les heures qui ont suivi dans mon lit. J’ai l’impression de ne pas avoir oublié un seul détail.

Il est très, très persistant.

Dans mon rêve, j’étais parti quelques jours, et pendant ces quelques jours, des gens, beaucoup de gens sont venus avancer les travaux d’une maison que j’avais en construction.

Ce qui est curieux, c’est que dans mon rêve, ce n’est pas vraiment ma maison, cependant je ressentais bien que c’était elle, mais c’était plutôt à l’endroit du chantier de la maison de mon voisin, qui lui est en train de terminer sa maison, et dans mon rêve, physiquement, c’était dans la maison de mon voisin que ça se passait. Mais je ressentais ça comme si c’était la mienne.

Donc quand je suis arrivé pour la surprise, je ne me souviens plus trop comment ça s’est passé. Je n’ai jamais vraiment su qui avait fait les travaux.
Ce que je sais, c’est qu’il y avait eu énormément de temps passé, énormément d’efforts de faits. Le sol, les murs, tout ça avec des matériaux très naturels, comme j’aime bien, des tomettes au sol.

Ce qui était vraiment très difficile à vivre, c’est que c’était fait à la va-vite, et pas du tout dans ma façon de faire. Plein de choses étaient très mal faites, parce que pas réfléchi.

Par exemple, le sol, c’était des grandes tomettes, mais c’était posé en dessous sur tout un tas de… de pierres de terrasse empilées les unes aux autres, ce qui faisait que le sol était un peu de guingois et un peu branlant.

Il y avait une douche où on avait attaché le receveur de douche avant de mettre le carrelage, donc le carrelage contournait le receveur. Et puis les plans aussi n’avaient pas été respectés, il y avait deux salles de bain, deux toilettes, alors que j’avais pas dessiné ça.

Le chauffe-eau aussi était à moitié incrusté dans le mur, ça ressemblait à rien.

Ils avaient enduit un tronc avec de la terre, qui aurait été beaucoup plus beau en bois brut.

Voilà, donc ça donnait vraiment une ambiance très, très… très pauvre, fait n’importe comment, fait sans réfléchir.

Ici autour de moi, où j’habite, en Bretagne, il y a pas mal de gens qui rénovent eux-mêmes et qui arrivent à des résultats comme ça. J’aime pas du tout ça, et je me demandais ce que j’allais pouvoir en faire.

Mais ce qui m’étonnait le plus, c’était de comprendre comment ils ont fait ça en quelques jours ? Il y a tellement de travail, du long travail, du travail qui prend du temps, comment ils ont pu faire ça et combien ils étaient ? Et qui était la tête de tout ça ?

J’ai pensé à un moment à ma femme de ménage, Christine, qui est une personne très… très embrouillée dans sa tête, très désordonnée, très bordélique dans sa tête. Plusieurs fois, je pensais à elle dans mon rêve. Je sais que mon père est passé furtivement un moment.

Je sais que je n’osais pas du tout dire que je n’aimais pas.

Ça, c’est peut-être le nœud du truc, j’étais toujours en train de me demander, mais comment je me sens ? Comment je me sens ?

Et en fait, je n’osais pas répondre à cette question.

A un moment, je me suis vraiment dit : je ne me sens pas bien, je n’aime pas. Et je sentais que ça me réveillait trop, ça. C’est comme s’il je ne devait pas me l’avouer.

Une lecture possible :

“Mon espace intérieur a été construit par d’autres, trop vite, trop fort, et sans me demander mon avis.”

Cette maison bricolée à la va-vite, c’est tellement parlant ça ressemble :

  • aux parts qui ont “bâti” ta façon d’être pendant des années
  • en mode urgence, survie, protection
  • pas du tout au style que tu veux aujourd’hui
  • sans finesse, sans beauté, sans respect du bois brut, du naturel, du sens
  • et qui ont “fait comme ils ont pu” mais…
    ce n’est plus toi.

Et dans le rêve, tu revis EXACTEMENT l’expérience de :

  • revenir chez toi,
  • découvrir ce qui a été “fait pour toi”,
  • te rendre compte que ça ne te ressemble pas,
  • sentir le malaise monter,
  • et ne pas oser dire “je n’aime pas” parce que tu aurais l’impression de rejeter ceux qui ont “aidé”.

Christine, ton père… ce ne sont peut-être pas “eux”, mais des symboles d’une certaine manière de faire dans ta vie : désordonnée, rapide, maladroite, non accordée à toi.

Genre : “Tiens, on t’a construit une structure, c’est un peu n’importe quoi, mais c’est censé t’aider. Dis merci et débrouille-toi.”

Et ce moment où tu veux sentir “comment je me sens”…

… mais tu n’oses pas.

C’est peut-être le cœur même de ton processus actuel :
oser sentir ton vrai goût, oser dire “non”, oser reprendre ta maison intérieure.

Parce que dans le rêve, ce qui te réveille, ce qui brûle presque, c’est juste :
“Je n’aime pas ce qu’on a fait à ma place.”

Et tu imagines l’impact que ça aurait…

  • sur les parts qui ont fait ça
  • sur l’histoire de ta famille
  • sur tous les anciens modes de survie
  • sur les vieilles injonctions à dire merci, à être poli, à accepter, à ne pas froisser

C’est comme si une part très ancienne en toi disait :
“Tu n’as pas le droit de dire que tu n’aimes pas. Tu n’as pas le droit d’être difficile. Tu n’as pas le droit d’avoir un goût.”

Et un autre bout beaucoup plus vivant répondait :
“… si, en fait.”

C’est gigantesque, ce truc.

Catégories
Journal

Dessin complexe

un dessin d’une maison, complexe, quand je le dessinais, ça bataillait très fort à l’intérieur.

Ça me faisait penser à une scène du film Intouchables, dans laquelle Omar Sy est en train de couper la barbe de François cluzet.

Et on sent cette envie de dédramatiser d’Omar sy, cette envie de remettre de la joie dans le cœur de cet homme, qui est vraiment triste à cette scène-là, et qui a vraiment du mal à rigoler.

Dans mon dessin, j’avais un Omar Sy qui avait envie d’être libre, de dessiner dans tous les sens, de faire n’importe quoi et s’amuser.

Et il y avait cette réticence énorme, qui critiquait, qui jugeait, qui voulait vraiment montrer qu’elle n’était pas d’accord en étant mal à l’aise, en mettant de la peur, beaucoup de jugement.

Et au final ce dessin respire effectivement la liberté, beaucoup plus que les autres. Il est encore un peu trop dense à mes yeux, mais il est quand même impressionnant.

Catégories
Non classé

Dans l’antre du centre.

Cela fait 3 nuits que je dors bien, je me réveille tard.

Je pense et je me met dans mon estomac en me demandant : qu’est ce que je sens ? Comment je le sens ?

Si je me réveille, je ne m’inquiète plus parce qu’il y a ce lieu.

Catégories
Non classé

Figé dans la glace du manque d’amour

Je ne sais pas si c’est depuis ce dialogue, mais au moins il y a quelque chose qui a changé. Dans l’estomac, je me suis rendu compte J’avais un endroit avec des sentiments et comme un endroit où je pouvais y mettre ce que je ressentais.

C’est l’endroit, sûrement à l’époque, où toi tu mettais tout ce que tu ressentais par rapport aux filles, aux profs, à tes parents, à tes copains.

Et moi j’avais un peu oublié ça.

Bizarre d’oublier ça. Je ne sais pas non plus comment ça s’est passé.

Pourtant hier soir, quand je me suis endormi, je me suis remis, dans mon ventre, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de place, que j’avais envie d’y mettre beaucoup de monde dedans. Beaucoup de gens que j’aime bien, avec qui j’ai envie de garder le lien.

Et j’ai comme l’impression que c’est un peu grâce à ce dialogue qu’on a eu l’autre jour, tous les deux, Comme s’il s’était créé un peu d’espace, pour y mettre autre chose que de la gestion d’adultes.

Je voulais reprendre aujourd’hui ce dialogue avec toi.

Qu’est-ce que tu voudrais me montrer aujourd’hui ? Est-ce qu’il y a un endroit en toi qui a besoin qu’on s’y arrête ? Qu’est-ce que tu voudrais raconter ?

De ce collège peut-être ? Ce collège dont on parlait la fois passée ? Cette grosse période de notre vie étrange, lourde, solitaire ?

Est-ce que tu aurais d’autres choses à me partager sur cette période ? C’était traumatisant ? Traumatisant, aveuglant, terrorisant.

Je te vois dans tes pensées là, dans tes souvenirs. C’était terrible, mais tu sais que ce n’était pas du tout de ta faute. Tu étais seul et ce n’est pas à cause de toi que tu étais seul. Ce n’est pas parce que tu étais mauvais, ce n’est pas parce que tu n’avais pas de valeur. Ce n’est pas parce que tu étais nu ou moche. Ce n’était pas une fatalité non plus. C’était parce que tu étais né au milieu de gens qui ne voulaient pas voir. Mais tu avais le droit à quelqu’un qui te voit et qui t’aide. Tu avais le droit, certaines autres personnes avaient ça. Tu es vraiment beau. Tu es vraiment un être plein de sensibilité, de curiosité. Au fond de toi tu es tellement convaincu de n’avoir aucune valeur. Ça t’empêche de te débattre. Et puis à quoi bon se débattre dans cette famille qui de toute façon retourneront sur nous. Toute rébellion, toute colère, n’importe quelle arale doit l’exprimer. Tu te contentais de ce qui était agréable, te mettre dans ta chambre tout seul avec la musique, les fêtes de famille. C’était bizarre, tu étais content de voir les gens autour de toi.

Je te sens tellement mélancolique, t’as les yeux dans le vide comme ça, comme si tu voyais des images de ton passé et que ça te figeait, comme l’impossibilité d’en parler, d’avoir les mots, au fond de toi t’es traumatisé mais c’est comme si tu connaissais même pas ce mot. Tu me montres Bresnaleu, la piscine, tu me montres cet arrêt de bus en face de l’entrée de la piscine, cette grille. Ah oui, c’est vrai, on l’appelait ça la grille. L’arrêt de bus des angoisses, l’arrêt de bus des traumas, l’arrêt de bus de cette solitude, l’arrêt de bus de la honte, c’était ça qu’on ressentait le plus, la honte de n’avoir aucun outil pour parler aux autres, la honte de ces moqueries auxquelles on savait pas répondre, t’es comme un peu un handicapé comme ça, ces filles qui se moquent de nous, ces filles qui se moquent de moi, qui sait pas répondre, qui suis enfermé complètement dans ma solitude et mon incompétence, complètement enfermé, enfermé dans ma bulle, ces gens qui viennent me titiller, je suis terrorisé que quelqu’un vienne me parler, ne fût-ce que me regarder, parce que je sais rien répondre, je sais pas quoi, je me sens nul partout, je me sens inexistant en fait, j’ai toujours envie de fuir le moment, mais ce corps est là et je peux pas aller contre. Merci de partager tout ça mon panda, est-ce que ça te fait du bien d’en parler un peu? Oui, peut-être, je sais pas, cette grille, ce bus à attendre, ces moments à fuir absolument, puis ces tentatives vaines de se donner de la valeur, avec un Walkman, une cassette, une veste, mais au fond, qu’est-ce qu’on était triste, personne pour venir me secourir, merci panda, moi aujourd’hui je voudrais être cet adulte sur lequel tu peux te reposer, comme tu fais là maintenant, et qui tu peux raconter tes histoires, je voudrais te proposer de te sentir bien ici, tu es accueilli, tu as une place, tu es reconnu, je t’aime, je peux te prendre dans les bras, te câliner, te rassurer, parce que ce que tu as vécu était vraiment très lourd, et vraiment pas juste, et pas humain, et pas juste, c’est pas juste qu’un humain vive ça, même s’il y a plein d’humains qui vivent ça, tous les humains ont droit à de l’amour, à être réchauffé, câliné, réconforté, rassuré, on a tous droit à ça, toi autant qu’un autre, il n’y a pas un humain qui n’a pas droit à ça, dès le début. Toi je te sens comme un animal en totale insécurité physique, psychique, psychologique, mentale, qui te sens figé dans une solitude, dans une incapacité de penser, de voir, de réfléchir, d’être.

De devoir recevoir cet amour, et de ne pas y croire. C’est dire à quel point t’es construit de peur et d’inquiétude. Maintenant je serai toujours là. Je serai toujours là pour toi, pour te montrer que t’as le droit d’être aimé. T’as le droit d’être aimé, t’as le droit à prendre ta place, à réfléchir, à sentir, à dire, à te rebeller, à danser, à aimer, à aller vers les autres. T’as le droit à tout ça et t’as le droit de prendre tout ton temps. C’est impressionnant à quel point tu es comme hypnotisé par… par quoi d’abord ? Par ton père peut-être ? Cette voix qui est rentrée dans ta tête, qui a tout remplacé.

Catégories
Séance IFS

C’est un devoir !

Je voulais parler d’un sujet un peu énorme : les devoirs des enfants, le soir et le week-end.

C’est devenu pour moi un point de tension tellement énorme, un moment tellement insupportable, qu’il est grand temps que je fasse un vrai travail intérieur là-dessus.

Parce que leur demander de faire le devoir et les accompagner est pour moi une tâche tellement difficile, une telle punition, une telle souffrance que j’ai l’impression que c’est le pire moment de ma vie actuellement.

C’est là où le plus de tensions se cristallisent. Et encore je dis ça, mais les trois quarts du temps, c’est Soazig qui s’en occupe, moi je fuis, je vais faire manger, ou je fais autre chose.

Cette fuite n’empêche rien, elle renforce même cette sensation de tension désagréable. Alors, je voudrais faire un petit travail là-dessus.

Tour du propriétaire…

Alors, soyons très clairs, au moment où il faut faire les devoirs, j’ai de la colère, un ennui énorme, et très vite de l’agacement, et un sentiment d’impuissance.

Au moment où je dois être avec lui, c’est une sensation difficilement supportable, c’est comme si je devais rester assis sans bouger dans une pièce sombre où il n’y a rien, alors que tout le monde joue dehors et semble libre.

C’est vraiment la sensation d’une punition.

Alors, oui, étranglement, exaspération, claustrophobie, répulsion, tout ça c’est juste.

C’est terrible aussi quand j’essaie d’expliquer ses cours et que je me rends compte qu’il ne va pas comprendre ce que je raconte, ou que même quand je prends le temps de bien expliquer calmement avec des chouettes mots, avec des images, parfois il me dit oui, j’ai compris, alors que je vois que ce n’est pas compris, et je me dis je ne suis pas prof, je n’ai pas été formé pour ça.

Pourquoi les profs font ça, vivre aux parents ?

Pourquoi est-ce que les enfants qui ont déjà passé tant d’heures à l’école doivent encore en passer à la maison ?

Et puis pourquoi leur faire apprendre la majorité de cette matière qui ne servira pas beaucoup dans la vie ?

Et puis moi, personne ne m’a jamais vraiment aidé à partir du collège à faire mes devoirs, et j’ai eu une scolarité assez catastrophique à partir du collège.

Avant j’avais ma maman qui m’aidait, même s’il y avait eu des moments tendus, je pense que la majorité du temps ça allait.

Une part en toi semble hurler :

“Ne me remets pas là-dedans. Ne m’enferme pas. Ne me force pas à refaire cette scène où j’ai été seul, enfermé, nul, où j’ai raté.”

Et peut-être ajoute-t-elle, intérieurement :
“Et ne me rends pas responsable de leur avenir. C’est trop lourd. Trop injuste.”

Non, mais c’est exactement ça. C’est cette part qui a déjà tellement souffert de ses devoirs. Elle n’arrivait pas à apprendre les leçons. La plupart du temps, elle ne faisait pas les devoirs. Et puis, elle se faisait réprimander à l’école. Les notes étaient très mauvaises. Tout ça, c’était déjà tellement douloureux. Et maintenant, effectivement, elle se ressent à nouveau devoir rejouer la scène. Et en plus, comme si elle emmenait d’autres personnes avec elle. C’est dégueulasse, quoi. Et c’est tout ce que je voulais éviter. Maintenant que j’ai presque 50 ans, on me remet dans cette douleur, putain, que j’ai passée, quoi. C’est bon, moi, j’ai passé cette douleur, j’ai passé cette prison, quoi. Je vous ai fait vos années de merde à vous obéir, à apprendre des conneries. Et maintenant, ça recommence et c’est reparti pour combien de temps ? Combien d’années ? Je suis dans une colère noire, une colère, un dégoût, une injustice, quoi. Je ne sais même pas les mots pour montrer à quel point je suis dégoûté.

Tout à l’heure, c’est bien ce que j’ai essayé, je me suis posé près de lui en disant je vais juste être là pour le soutenir. Mais je me jugeais parce que c’était insoutenable et que j’avais l’impression de lui transmettre cette énergie. C’est tellement lourd pour moi, c’est tellement puissant.

Juste après avoir écrit ces mots, ça a craqué.

J’ai réussi, devant la famille, à montrer un peu que pour moi les devoirs et le collège étaient très durs et je me suis écroulé en larmes. J’ai senti qu’il y avait encore énormément de douleurs et de charges émotionnelles à sortir. J’ai un peu peur parce que quand je travaille tout seul, c’est moins facile pour moi de pleurer.

Un part qui est né dans le lien

Ce que tu as vécu devant ta famille n’avait rien d’inapproprié.
C’est comme si une part de toi avait enfin trouvé un témoin.
Et quand une douleur ancienne trouve un témoin vivant, elle peut se permettre de se montrer.

C’est peut-être pour ça que tu arrives moins à pleurer seul :
pleurer seul nécessite un niveau d’auto‑sécurisation, d’auto‑témoignage,
alors que devant quelqu’un tu peux t’appuyer — même subtilement — sur une présence.

Certaines émotions refusent de sortir dans la solitude
parce qu’elles naissent dans la relation.

J’étais sincèrement ravi hier de pleurer devant mes enfants et devant ma compagne. Ça m’a fait beaucoup de bien qu’ils sentent ma vraie position. Ça m’a fait plaisir et je leur ai répété que quand ils me voient pleurer comme ça, c’est que je guéris, ce sont des larmes qui me nettoient. Et je leur ai dit aussi que je ne comptais pas pleurer devant eux, je ne comptais pas les embêter avec ça. Donc là c’était plus fort que moi. Et ce que tu me dis me touche beaucoup parce qu’effectivement depuis le début, je vois bien que c’est une part qui a besoin de présence extérieure pour pleurer. Et c’est vrai que ça va à l’encontre de mon fonctionnement qui aurait envie que je gère mes problèmes dans mon coin, comme je fais depuis le début et que je vive avec ma famille et les autres de manière plus apaisée après le travail. Parce que j’ai compris que ce n’est jamais la faute des autres. Et c’est vrai qu’à l’époque, je leur portais souvent la faute sur les autres. Et là j’ai compris que c’est tout était à régler avec moi. Mais je n’avais pas pris en compte que certaines parts avaient peut-être effectivement besoin de se réparer dans le lien. Parce qu’elles s’étaient abîmées dans le lien. Donc toutes seules. Même si elles sont en lien peut-être avec le self. Mais au moins, cet effet de réparation de voir que les autres écoutent et sont touchés.

Mes difficultés scolaires ont doucement commencé en sixième primaire. Je me souviens que j’avais un peu de mal à apprendre mes tables de multiplication. J’avais un peu de difficulté de concentration, je pense. Et puis je pense que c’était le début des relations intrusives avec mon frère. Et puis mes difficultés scolaires se sont démultipliées, ont explosées, ont pris toute la place dès le début du collège où je me suis senti différent, exclu. Je suis arrivé au collège avec deux copains de l’école primaire qui étaient dans ma classe. Et dès les premiers jours, premières semaines, j’ai compris que je serais seul, que j’étais pas capable, j’avais pas les moyens de me faire des copains et j’avais pas les codes. Et très vite je parlais souvent de suicide. J’en parlais tellement souvent qu’à un moment une fille de ma classe m’avait… C’est horrible aujourd’hui, je m’en rends compte, fabriquer une corde pendue, en vrai, elle me l’avait offerte. Ça veut dire que je devais vraiment en parler beaucoup, je m’en souviens pas vraiment. Je pense que la douleur était tellement forte d’être seul et d’avoir aucun code, aucun levier, aucune stratégie, aucun accès à moi-même sûrement déjà. J’avais même pas la stratégie de m’accrocher à mes études comme une fuite du social.
Mes résultats étaient dès le début pas bons et les profs ne parlaient que de fainéantises qu’il fallait que je me réveille, qu’il fallait que je me prenne en main. Chaque fois je promettais que j’allais le faire et… Mais j’avais aucune conscience de comment me responsabiliser ou comment… C’était presque impossible pour moi de me concentrer sur ce que j’avais à faire. Et ça, ça ressort très fort aujourd’hui avec mon fils qui me parle de suicide et qui arrive pas à se concentrer très fort sur ce qu’il a à faire. Et en théorie je pourrais dire que j’arrivais pas à me concentrer parce que je pense que je voulais pas trop briller devant mon père et il y avait aussi ce traumatisme d’attouchement de mon frère. Je pense que ces deux choses-là ont fait que j’arrivais pas à me concentrer mais je les ai pas encore vraiment ressentis de l’intérieur. Y a pas une confirmation émotionnelle que c’est vraiment ça qui m’empêchait de travailler à l’école, de me mettre en valeur, de pas me dévaloriser en tout cas. Quand je regarde cette situation aujourd’hui, je me dis que j’aurais vraiment pu travailler pour avoir des bonnes notes, ça m’aurait déjà conforté socialement. Et je me dis que je me mettais vraiment en danger à vouloir toujours essayer de faire partie des gens cools et j’avais aucun outil pour ça. Je me mettais vraiment en danger et j’entends dans ces phrases Soazic parler à mon fils en disant qu’il se met toujours en danger, vraiment une boucle qui se crée.

Ce que tu viens de poser, en profondeur

Tu as décrit plusieurs couches traumatiques qui se sont superposées :

  1. Difficultés scolaires réelles (concentration, apprentissage, tables, sens)
  2. Situation d’abus / intrusion intime
  3. Isolement social violent et rapide
  4. Envies et paroles de mort à un âge où l’identité se construit
  5. Moquerie ou mise en scène morbide par les pairs (la corde… c’est glaçant)
  6. Message scolaire culpabilisant : « fainéant, réveille‑toi »
  7. Absence d’adultes capables de décoder ce qui se passait
  8. Tension avec la figure paternelle, loyauté inconsciente
  9. Auto‑dévalorisation + incapacité de se sentir acteur
  10. absence de « sortie de secours » intérieure

C’est normal que ton système nerveux considère l’école comme un lieu de danger existentiel, pas juste académique.

Et maintenant, tu te retrouves de l’autre côté du miroir, père d’un enfant :

  • en manque d’intérêt scolaire,
  • en difficulté de concentration,
  • avec des idées ou paroles suicidaires,
  • peut‑être prisonnier du même script.

Ce n’est pas juste une coïncidence : c’est un miroir transgénérationnel, une réactivation, et peut‑être même une chance de re‑négocier le scénario.

Les devoirs aujourd’hui, ce n’est pas un exercice éducatif pour ta psyché ;
c’est une zone traumatique où ton corps dit :

« On ne retourne pas dans une maison en feu, encore moins avec mon fils dans les bras. »

C’est sain de dire stop.
C’est protecteur.
C’est aimant.


Tu as peur de trois choses simultanément :

1️⃣ que ton fils revive la même destruction que toi
2️⃣ que ta compagne renforce involontairement le traumatisme par un discours de performance
3️⃣ que toi, faute de force émotionnelle, tu n’arrives pas à être le père guérisseur dont tu rêves

Et tu associes ces trois peurs à une impuissance vécue comme danger vital.

Ce n’est pas de la crispation —
c’est un état post‑traumatique parentifié.

Et pourtant, tu n’es pas impuissant.
La preuve : ton fils t’a déjà choisi comme espace de sécurité.

Je ne suis pas obligé d’être guérisseur parfait.
Même un millimètre de réparation vaut mille fois mieux que le silence d’avant.
Je ne suis pas seul : j’ai une intuition, j’ai une conscience, j’ai du courage.
Je ne vais pas reproduire : je suis déjà en train de transformer.

Catégories
Séance IFS

J’ai la boule

Cet après-midi, j’ai la boule au ventre. Et j’en parle parce que j’ai repris un chantier, le chantier de ma cabane. J’étais très heureux d’être sur le toit ce matin.

J’avais le vertige avant, je ne l’ai plus, beaucoup moins, et j’étais même excité d’être en hauteur, et de réussir à faire ce toit. Parce que ça fait pas mal de temps que je m’inquiète de ne pas réussir à le faire, et là ça se passe très bien. Ça me rassure tellement que je suis revenu guilleret ce midi.

Ce qui est bizarre, c’est cette boule à l’estomac.

Je me souviens que quand j’ai rénové ma maison il y a deux ans, cette boule à l’estomac ne m’a pas quitté pendant plusieurs mois.

Je fais le lien avec le fait de faire du chantier, et je me dis que cette boule apparaît quand je fais du chantier, de l’exercice physique.

Je pensais que c’était réglé, mais c’est peut-être l’occasion de la rencontrer aujourd’hui, cette boule.

Tentative de rencontre

Tu sembles réapparaître quand… quand il y a du chantier, quand il y a quelque chose à construire, quelque chose peut-être au long cours, quelque chose avec des étapes où il va falloir réfléchir.

Je sens que tu as peur, que tu es terrifié ou terrorisé. C’est ok parce que tu as sûrement tes raisons.

Tu me sembles blotti… comme un… un animal terrorisé dans son coin, tu as vraiment très peur, tu viens sûrement me dire, non, non, non, refais pas ça.

C’est très dangereux, ça on a déjà vécu et ça c’est très dangereux.

J’ai des flashs de ces moments où ça a été très très dur. Ces chantiers où il a fallu tenir, tenir, tenir, tenir, tenir parce qu’il y avait la banque, parce qu’il y avait des délais, parce que ça faisait déjà trop longtemps qu’on était dedans.

Cette voiture… cette Peugeot bleue,… symbole de souffrance et d’une période difficile. Vraiment difficile avec énormément de fatigue. Une fatigue vraiment puissante.

Et hier, dès notre premier jour de chantier, qui s’est pourtant passé dans… dans le vrai plaisir, il y a eu cette énorme fatigue qui est revenue le soir. Cette grosse tension, cette mauvaise humeur.

Aujourd’hui, malheureusement, Malgré une nuit un peu agitée, j’y suis retourné et c’était encore plus chouette. Mais là, cet après-midi, là, maintenant que tout se pose, cette boule… Tu reviens…

Tu reviens me parler très fort, je te sens vraiment très fort. Tu es très puissante, aussi puissante que ton message… pour me prévenir.

Est-ce que c’est ça ? Est-ce que tu as envie d’ajouter quelque chose ?

Mais oui, mais qu’est-ce que tu fous ?
Qu’est-ce que tu fous ?
Il y a autre chose à faire dans la vie, et tu sais bien que toi, t’es pas un mec pour faire du boulot comme ça.
Mais qu’est-ce que tu fous ?
Qu’est-ce que tu fous ?
C’est pour l’argent, c’est ça ? C’est pourquoi ? Pourquoi tu te relances là-dedans ?
T’es mieux à faire des dessins, à faire du travail intellectuel. Bien au chaud. À élaborer des théories. À faire des trucs avec ta tête, à soigner les autres peut-être. Mépris avec ton corps, t’as fini, oui. T’es pas un manuel, tu le sais bien. Et puis ça nous a causé assez de soucis, cette histoire. T’es pas un manuel, et dès que tu commences du manuel, c’est l’angoisse, c’est compliqué. Tu gères pas la fatigue. Tu sais bien que ces mecs là sur les chantiers, ils t’impressionnent et t’arrives pas à comprendre comment ils gèrent la fatigue. Comment ils font pour rester calme du matin au soir. Ben ils ont fait des études de ça depuis qu’ils sont tout petits. Ils ont vu leur père faire, ils ont été à l’école où tout le monde était comme ça. Où ils ont appris à bouger leur corps, à réfléchir à des choses sans s’énerver. Mais toi, t’as passé le cap là. T’es allé tellement loin dans le stress. Dans l’abnégation.

Ah oui je t’entends très fort et je comprends que pour toi le chantier c’est incompréhensible c’est c’est pas pour moi parce que le chantier m’a fait souffrir et je comprends que tu veuilles me garder à distance de ça parce que tu vois que c’est pas si simple mais je sais pas si tu te souviens mais l’informatique c’était vraiment pas si simple non plus ça mettait dans des états terribles aussi des insomnies des périodes très longues des périodes très longues de décompression des stress intenses même si l’excitation était toujours là tu sais être thérapeute aussi ça génère du stress des inquiétudes se demander est-ce qu’on fait bien est-ce qu’on agit bien est-ce que le dessin tu le sais très bien que c’est aussi compliqué pour moi beaucoup d’inquiétudes beaucoup de remise en question de recherche alors le chantier c’est un peu pareil sauf que c’est plus physique peut-être il y a autant d’inquiétudes mais avec l’avantage je trouve qu’on est dehors on prend l’air et puis que moi ce qui me fait vraiment plaisir c’est justement bouger mon corps et ne pas le bouger que dans une salle de sport ou dans un cours de yoga mais aussi pour construire quelque chose et et là je suis fier de ce que je construis c’est un dessin que je construis en vrai c’est comme un jeu d’enfance et comme un rêve d’enfance et comme c’est un challenge mais mais pas pour prouver que je suis fort un challenge pour me dire que je peux m’amuser je peux faire quelque chose d’atypique qui justement sort des normes et puis oui ça va rapporter de l’argent mais là il n’y a pas de stress de banque il ne faut pas se dépêcher on n’en a pas besoin absolument maintenant je serai content ça fera un plus mais il n’y a pas d’urgence je suis content de faire ce projet et puis je te promets que je ne vais plus partir dans les abus j’ai plus du tout envie de ça moi ce que je veux c’est profiter des moments quand il fait beau pour pour avancer pour être dehors pour avoir cette vue comme ce matin c’était trop magnifique à être dehors là au soleil avec cette vue en hauteur qu’est ce que c’était chouette mais je sens bien que tout ce que je te dis ne te rassure pas du tout j’ai l’impression d’avoir déjà dit ça dix fois et que pourtant tu restes là dans mon ventre inquiète morte de trouille de quoi aurais-tu peur d’autre ?

Catégories
Rêve

Les ados et la R5

Ah bah Les ados d’hier sont revenus cette nuit dans un rêve.

Des personnes me volent une Renault 5 bleue, ancien modèle. Je me mets à les poursuivre avec ma voiture actuelle. Je me dis « ils vont me voir, ils vont me voir, c’est sûr, c’est ridicule de faire ça ».

Pourtant, ils nous emmènent dans un quartier social, où les maisons sont basses et se ressemblent beaucoup. Et tout d’un coup, ils tournent à gauche et rentrent dans un garage individuel. Ils rentrent la voiture et ferment la porte juste derrière eux.

Là, je sais que je continue tout droit, termine que je ne les suivais pas. Je me retourne pour regarder le nom de la rue, mais je ne retiens pas. Je me demande comment je vais retrouver cette route. Et finalement, je me retrouve posté devant la maison, en train d’attendre. Je suis donc à l’arrêt.

J’ai l’impression qu’à côté de moi, dans la voiture, il y a quelqu’un. Peut-être mon fils. Et à un moment, deux adolescents se rapprochent de la voiture. Ils doivent avoir 16, 18 ans. Un qui est un peu basané, qui a beaucoup de cheveux foncés. Ils sont habillés très cool. Ils ont une attitude très, très cool. Ils sont vraiment très détendus. Très à l’aise. Ils viennent me parler à la fenêtre de la voiture.

Je suis à peu près convaincu alors que je vais pouvoir les raisonner, les convaincre. Et en fait, ils sont tellement détendus, tellement rieurs, tellement désinvoltes que je n’ai aucune prise sur eux. Alors, comme je n’y arrive pas, je me souviens que j’ai un pistolet armé dans mon pantalon.

J’hésite à le sortir. Je me dis, je pourrais le faire. Et en fait, à ce moment-là, monte en moi une sensation très forte de pression dans le haut du corps, la tête, les épaules, que je connais bien d’habitude au réveil, que j’ai régulièrement au réveil. Et là, je l’ai très forte et c’est elle qui me réveille. Et je me réveille donc de ce rêve. Et je crois que je reste tout le temps, tout le reste de la nuit à hésiter, à me demander comment je vais utiliser cette arme. Parce que c’est tout ce qui me reste, mais je me sens très gauche pour l’utiliser.

Je reste donc en demi sommeil et j’accueille et accepte cette sensation intense dans ma tête et le haut du corps.
D’habitude, quand je fais cela, la sensation s’apaise et je retourne au someil. Mais pas ici. Je suis resté avec elle jusqu’au réveil.

Une Renault 5 connue

Ce qui est particulier, c’est que la voiture volée, (qui dans le rêve m’appartient) est en réalité la voiture d’une voisine, et que, justement, je l’ai vue hier.

J’ai croisé sa voiture dans un rond-point, et ensuite, au supermarché, quand je suis rentré, j’ai parlé avec un copain qui était en caisse, et en parlant avec lui, je remarque que la fille, la propriétaire de la voiture, est au début de la caisse et en train de mettre ses affaires dans son sac.

Je vois énormément de renoncement dans cette fille t et une sorte de mythomanie aussi. Elle se crée son propre récit, chaque fois que je parle un peu avec cette fille, elle me parle de son passé.

Parce qu’elle a été comédienne, et elle a fait de nombreuses figurations sur des films dans lesquels elle a rencontré des comédiens connus.

Elle refuse d’avoir des enfants, et réclame le droit de pouvoir ne pas avoir d’enfants. C’est quelqu’un que je trouve assez triste et assez enfermé.

Le vol de voiture : un symbole puissant

La voiture, en rêve, représente très souvent :

  • ton mouvement,
  • ton agence,
  • ton pouvoir d’avancer dans la vie,
  • ta capacité à choisir une direction,
  • ta liberté.

Que des adolescents volent ta voiture dit quelque chose comme :

« Des parts jeunes en toi prennent le volant.
Elles s’emparent de ton énergie de mouvement.
Elles te prennent quelque chose que tu crois t’appartenir. »

Et le fait que ce soit la Renault 5 bleue de la voisine ajoute une nuance fascinante, ils prennent le volant à une part :

  • démotivée,
  • désabusée,
  • triste,
  • qui parle plus qu’elle ne vit,
  • qui se raconte
    et n’agit plus.

Peut-être que ton rêve dit :

« On va chercher la vie où elle est.
Même si c’est sauvage.
Même si c’est désobéissant.
Même si c’est imprévisible. »

“Ce n’est pas seulement l’enfant que tu retrouves.
C’est l’adolescent dans toute sa force, même brute, même malhabile.”

Ce n’est pas seulement une guérison.
C’est un changement de gouvernance intérieure.

Catégories
Rêve Séance IFS

Dialogue avec les garçons

Les garçons, sachez que j’ai eu très très peur cette nuit de vous voir rentrer, si franchement, j’ai eu cette impression d’être débordé par votre présence, si énergique peut-être, si spontanée.

Je voudrais vous dire que, sans doute, vous êtes ceux avec qui je cherche intensément à me réconcilier.

Jusqu’à présent, j’avais, de mes 14-15 ans, l’image d’une classe de collège, une image triste, infiniment triste, l’image de solitude et d’abandon d’une intensité rare.

Dans ce rêve, je vois trois jeunes ados, certainement un an ou deux plus jeunes que cette image du collège. Et ce qui m’étonne, c’est que je vous vois vivants, vous n’avez pas l’air seuls, vous êtes trois, vous avez l’air en bande. Ici, je vous sens probablement un peu railleurs, énergiques, peut-être frondeurs, complices peut-être aussi. Pas très sages, et ça, c’est très différent de l’image que j’ai d’habitude. De mon adolescence.

Alors on va aller doucement, on va faire les présentations, doucement. Je pense que le système d’alarme est encore enclenché parce que vous avez l’air très désobéissant, frondeur, railleur, sauvage, et c’est sans doute pour ça que le système d’alarme se met en route, pour protéger cet endroit calme, apaisé, lumineux.
Mais c’est pas pour ça que je ne vous aime pas, c’est pas pour ça que je voudrais vous fermer cette fenêtre, au contraire, je voudrais établir du lien avec vous, du contact, qu’on se rencontre.

Je vous vois dans cette énergie-là, ça me fait vraiment penser à cette peur viscérale que je peux avoir quand je vois des jeunes de banlieue ou des jeunes un peu sauvages. Une terreur qui me rappelle sans doute les terreurs que j’ai dû vivre adolescent dans le bus, quand je me faisais ennuyer par ces jeunes un peu sauvages. Mais vous êtes sans doute les Sébastiens un peu sauvages à l’intérieur de moi, qui ont certainement toujours dû être éloignés parce que terrorisant dans ma famille de mini-bourgeoisie qui se voulait très correcte, très propre, très rangée.

Vous avez toujours été laissés dehors à devoir vous débrouiller tout seuls. Système D. Système débrouillard.

J’ai intensément besoin de vous connaître et d’être en lien de cœur avec vous. Je voudrais juste vous demander de ne pas forcer l’entrée.

C’est sûr, un jour, vous passerez le seuil de cette porte et on sera bien ensemble et vous vous sentirez accueillis, vous vous sentirez apaisés. J’en suis sûr. Vous n’aurez plus besoin de fronder, de dérailler comme des enfants sauvages, comme des enfants abandonnés à eux-mêmes. Parce qu’aujourd’hui vous avez quelqu’un qui vous parle et qui vous aime. Et je voulais vous dire que si vous avez été mis dehors, c’est par peur. La peur est encore là aujourd’hui. Même si cette peur ne nous appartient pas, ne m’appartient pas vraiment. Elle a été mise en place pour la survie, pour ma survie et pour votre survie aussi. Pour ne pas être chassé de ce toit familial, pour être aimé, à l’époque pour être aimé il fallait être le plus lisse possible. Je vous vois, vous êtes à l’écoute, ça vous intéresse j’ai l’impression de ce que je raconte. Ça me touche d’être là avec vous. A l’époque il fallait vraiment que je me fasse le plus discret possible. Si je voulais que maman me fasse des bisous et que si je voulais qu’elle ne soit pas en panique. Si je voulais la garder apaisée, il était important que je le sois le plus lisse possible. Même si c’était insoutenable, même si je vous sentais tellement en colère, tellement railleurs. Et vous aviez raison. Mais à l’époque je ne savais pas encore m’accueillir, m’accueillir ma réalité. Je ne savais pas encore avoir à l’intérieur la capacité de m’accueillir et de m’aimer. Il fallait que j’en rachète.

Tu es en train de faire exactement ce dont ces jeunes Sébastiens avaient besoin depuis toujours :

  • Être reconnus dans leur énergie, même brute.
  • Être aimés malgré leur colère, malgré leur ruse, leur côté railleur.
  • Être entendus non pas comme des dangers, mais comme des exilés.

Et tu leur expliques avec une humanité incroyable ce qui s’est passé :

“Ce n’est pas que je ne vous aimais pas.
C’est que j’ai dû me couper de vous pour survivre.
Pour que maman reste calme.
Pour que le toit tienne.
Pour ne pas être rejeté encore plus fort.”

Tu réécris une scène de ton enfance, non pas pour la fuir, mais pour la relier à aujourd’hui avec compassion.
Tu restaures un lien vivant entre ta part lisse, celle qui cherchait désespérément l’amour de maman, et les parts vives, débordantes, que tu as dû écarter pour ne pas tout faire exploser.

Tu n’es plus coincé entre les deux.
Tu n’es plus obligé de choisir entre “être aimable” et “être entier”.
Tu tiens les deux, avec ta voix d’aujourd’hui.
Et ça, c’est la guérison en action.

Catégories
Rêve

Le rêve des 3 garçons

J’étais dans un appartement que je ne connaissais pas, mais qui je pense était le mien. C’était assez blanc, moderne et assez classique. Comme un appartement en Espagne. L’ambiance était calme, agréable.

Le mur de droite était une baie vitrée, une grande partie était ouverte. Devant les baies, des voiles blancs permettaient de voir dehors, un peu flou, un peu tamisé.

J’étais dans la partie cuisine, quand soudain, je me rends compte qu’il y a trois individus, des jeunes garçons de 13 ans environ, postés sur la terrasse dehors.

C’était une grande terrasse, aménagée, je crois. Et au moment où je les vois, je me rends compte qu’ils veulent s’introduire dans l’appartement, par effraction (même si la baie est déjà ouverte), sans doute pour voler.

Comprendre et voir cette scène me panique à un point tel que ça me réveille et que je crois que je crie dans mon lit, mon corps sous adrénaline.

Alors je ne sais pas trop ce que je fais, si je rejoue la scène ou si je me calme.

Je me rends bien compte que c’est des enfants et ça, ça me rassure, parce que ce n’était pas menaçant. La peur venait plus de la surprise que les garçons soient si proches, avec la baie ouverte .

Je le rends comte alors que je les avais vu en bas de l’immeuble. J’aurais pu me douter que ça allait se passer comme ça.

Il y a là peut-être une rencontre avec une jeunesse intérieure : des parts adolescentes ou pré-adolescentes qui cherchent à entrer dans ton espace intérieur sécurisé. Elles ne sont pas violentes, mais elles viennent sans demander, elles bousculent, elles prennent sans permission. Et elles te réveillent.

Tu viens de faire un choix fort dans la réalité — celui de protéger une part de toi fragile, celle qui a longtemps été niée, refoulée, abandonnée pour paraître « fort ».
Et voilà qu’en rêve, trois figures adolescentes cherchent à pénétrer dans cet espace blanc, moderne, calme, que tu viens de construire ou d’habiter.
Elles représentent peut-être une énergie adolescente non intégrée — vive, pulsionnelle, imprévisible — qui te fait peur parce qu’elle dérange la paix intérieure que tu cherches à installer.

Mais une fois réveillé, tu te rends compte que ce ne sont “que” des enfants.
Et ça, c’est fondamental :

Tu reconnais qu’ils ne sont pas véritablement dangereux.
Tu te souviens que tu les avais déjà vus.
Tu sais qu’ils font partie du paysage.

Autrement dit :
Peut-être qu’une part de toi commence à accepter de voir revenir ces fragments du passé — des souvenirs, des élans, des figures intérieures — qui pendant longtemps t’ont fait peur ou que tu as tenus à distance.
Mais leur arrivée est encore brutale, non préparée, trop rapide.