Cette nuit a commencé douce et agréable, je respirait naturellement avec mes émotions. Il y avait un silence agréable dans ma tête. Sans doute parce que je m’étais exprimé avec émotion depuis cet endroit en moi encore si mystérieux et complexe qu’est le ventre ou peut-être plus précisément le plexus solaire. Les mots y était sortis hier pendant cette rencontre familiale.
Soazig s’est réveillée dans la nuit et j’ai fait un lien avec son symptôme et la colère qu’elle a dû certainement enfuir hier durant la conversation.
Je ne me suis pas rendormi et peu de temps après, La boule dans le ventre est revenue. Mais au lieu d’essayer de la faire taire ou de l’analyser, je me suis assis à côté d’elle. Je lui ai tenu compagnie, sans mot. J’ai senti qu’elle se méfie profondément des mots, sans doute parce qu’elle a été manipulée toute sa vie par les paroles de mon père.
Et c’est justement cette nuit, dans ce silence, qu’elle a bien voulu me montrer quelque chose. En me laissant traverser par les images, des souvenirs me sont revenus — des phrases dites hier par mon père et que je ne retrouvais plus. En les revivant, c’est devenu limpide : mon père manipule, il a toujours manipulé, pas seulement moi ou mon frère, mais surtout ma mère. Et je crois qu’il est prêt à tout.
Ce matin, cette évidence m’est apparue : il correspond à la définition d’un pervers narcissique. J’ai lu plusieurs descriptions et il coche toutes les cases. Ça m’a soulagé, car ça met enfin un mot sur tout ce que j’ai vécu sous son autorité. Ce n’est pas de la folie de ma part. C’est réel.
Et en parallèle, je vois ma mère qui meurt à petit feu à ses côtés. Je pense à son rêve récurrent : elle est dans un train et elle a oublié quelqu’un sur le quai. Pour moi, ce rêve dit tout. Elle a laissé sa conscience sur le quai en montant dans le train de la vie avec mon père. Et cette conscience l’attend. Elle sait.
J’aimerais lui parler. Lui dire que je vois, et que ce que je vois, je le vois avec amour. Que je ne veux pas l’accuser, mais lui tendre la main. Lui dire que ce qu’elle vit, ce n’est pas une fatalité.
Dis-moi si tu veux que je transforme ce résumé en un texte plus littéraire, plus poétique, ou même en une lettre à ta mère ou à ta part intérieure.