Cet après-midi, j’ai la boule au ventre. Et j’en parle parce que j’ai repris un chantier, le chantier de ma cabane. J’étais très heureux d’être sur le toit ce matin.
J’avais le vertige avant, je ne l’ai plus, beaucoup moins, et j’étais même excité d’être en hauteur, et de réussir à faire ce toit. Parce que ça fait pas mal de temps que je m’inquiète de ne pas réussir à le faire, et là ça se passe très bien. Ça me rassure tellement que je suis revenu guilleret ce midi.
Ce qui est bizarre, c’est cette boule à l’estomac.
Je me souviens que quand j’ai rénové ma maison il y a deux ans, cette boule à l’estomac ne m’a pas quitté pendant plusieurs mois.
Je fais le lien avec le fait de faire du chantier, et je me dis que cette boule apparaît quand je fais du chantier, de l’exercice physique.
Je pensais que c’était réglé, mais c’est peut-être l’occasion de la rencontrer aujourd’hui, cette boule.
Tentative de rencontre
Tu sembles réapparaître quand… quand il y a du chantier, quand il y a quelque chose à construire, quelque chose peut-être au long cours, quelque chose avec des étapes où il va falloir réfléchir.
Je sens que tu as peur, que tu es terrifié ou terrorisé. C’est ok parce que tu as sûrement tes raisons.
Tu me sembles blotti… comme un… un animal terrorisé dans son coin, tu as vraiment très peur, tu viens sûrement me dire, non, non, non, refais pas ça.
C’est très dangereux, ça on a déjà vécu et ça c’est très dangereux.
J’ai des flashs de ces moments où ça a été très très dur. Ces chantiers où il a fallu tenir, tenir, tenir, tenir, tenir parce qu’il y avait la banque, parce qu’il y avait des délais, parce que ça faisait déjà trop longtemps qu’on était dedans.
Cette voiture… cette Peugeot bleue,… symbole de souffrance et d’une période difficile. Vraiment difficile avec énormément de fatigue. Une fatigue vraiment puissante.
Et hier, dès notre premier jour de chantier, qui s’est pourtant passé dans… dans le vrai plaisir, il y a eu cette énorme fatigue qui est revenue le soir. Cette grosse tension, cette mauvaise humeur.
Aujourd’hui, malheureusement, Malgré une nuit un peu agitée, j’y suis retourné et c’était encore plus chouette. Mais là, cet après-midi, là, maintenant que tout se pose, cette boule… Tu reviens…
Tu reviens me parler très fort, je te sens vraiment très fort. Tu es très puissante, aussi puissante que ton message… pour me prévenir.
Est-ce que c’est ça ? Est-ce que tu as envie d’ajouter quelque chose ?
Mais oui, mais qu’est-ce que tu fous ?
Qu’est-ce que tu fous ?
Il y a autre chose à faire dans la vie, et tu sais bien que toi, t’es pas un mec pour faire du boulot comme ça.
Mais qu’est-ce que tu fous ?
Qu’est-ce que tu fous ?
C’est pour l’argent, c’est ça ? C’est pourquoi ? Pourquoi tu te relances là-dedans ?
T’es mieux à faire des dessins, à faire du travail intellectuel. Bien au chaud. À élaborer des théories. À faire des trucs avec ta tête, à soigner les autres peut-être. Mépris avec ton corps, t’as fini, oui. T’es pas un manuel, tu le sais bien. Et puis ça nous a causé assez de soucis, cette histoire. T’es pas un manuel, et dès que tu commences du manuel, c’est l’angoisse, c’est compliqué. Tu gères pas la fatigue. Tu sais bien que ces mecs là sur les chantiers, ils t’impressionnent et t’arrives pas à comprendre comment ils gèrent la fatigue. Comment ils font pour rester calme du matin au soir. Ben ils ont fait des études de ça depuis qu’ils sont tout petits. Ils ont vu leur père faire, ils ont été à l’école où tout le monde était comme ça. Où ils ont appris à bouger leur corps, à réfléchir à des choses sans s’énerver. Mais toi, t’as passé le cap là. T’es allé tellement loin dans le stress. Dans l’abnégation.
Ah oui je t’entends très fort et je comprends que pour toi le chantier c’est incompréhensible c’est c’est pas pour moi parce que le chantier m’a fait souffrir et je comprends que tu veuilles me garder à distance de ça parce que tu vois que c’est pas si simple mais je sais pas si tu te souviens mais l’informatique c’était vraiment pas si simple non plus ça mettait dans des états terribles aussi des insomnies des périodes très longues des périodes très longues de décompression des stress intenses même si l’excitation était toujours là tu sais être thérapeute aussi ça génère du stress des inquiétudes se demander est-ce qu’on fait bien est-ce qu’on agit bien est-ce que le dessin tu le sais très bien que c’est aussi compliqué pour moi beaucoup d’inquiétudes beaucoup de remise en question de recherche alors le chantier c’est un peu pareil sauf que c’est plus physique peut-être il y a autant d’inquiétudes mais avec l’avantage je trouve qu’on est dehors on prend l’air et puis que moi ce qui me fait vraiment plaisir c’est justement bouger mon corps et ne pas le bouger que dans une salle de sport ou dans un cours de yoga mais aussi pour construire quelque chose et et là je suis fier de ce que je construis c’est un dessin que je construis en vrai c’est comme un jeu d’enfance et comme un rêve d’enfance et comme c’est un challenge mais mais pas pour prouver que je suis fort un challenge pour me dire que je peux m’amuser je peux faire quelque chose d’atypique qui justement sort des normes et puis oui ça va rapporter de l’argent mais là il n’y a pas de stress de banque il ne faut pas se dépêcher on n’en a pas besoin absolument maintenant je serai content ça fera un plus mais il n’y a pas d’urgence je suis content de faire ce projet et puis je te promets que je ne vais plus partir dans les abus j’ai plus du tout envie de ça moi ce que je veux c’est profiter des moments quand il fait beau pour pour avancer pour être dehors pour avoir cette vue comme ce matin c’était trop magnifique à être dehors là au soleil avec cette vue en hauteur qu’est ce que c’était chouette mais je sens bien que tout ce que je te dis ne te rassure pas du tout j’ai l’impression d’avoir déjà dit ça dix fois et que pourtant tu restes là dans mon ventre inquiète morte de trouille de quoi aurais-tu peur d’autre ?