Cette nuit, un rêve très massif, je l’ai fait il y a plusieurs heures, et je n’ai pensé qu’à lui toutes les heures qui ont suivi dans mon lit. J’ai l’impression de ne pas avoir oublié un seul détail.
Il est très, très persistant.
Dans mon rêve, j’étais parti quelques jours, et pendant ces quelques jours, des gens, beaucoup de gens sont venus avancer les travaux d’une maison que j’avais en construction.
Ce qui est curieux, c’est que dans mon rêve, ce n’est pas vraiment ma maison, cependant je ressentais bien que c’était elle, mais c’était plutôt à l’endroit du chantier de la maison de mon voisin, qui lui est en train de terminer sa maison, et dans mon rêve, physiquement, c’était dans la maison de mon voisin que ça se passait. Mais je ressentais ça comme si c’était la mienne.
Donc quand je suis arrivé pour la surprise, je ne me souviens plus trop comment ça s’est passé. Je n’ai jamais vraiment su qui avait fait les travaux.
Ce que je sais, c’est qu’il y avait eu énormément de temps passé, énormément d’efforts de faits. Le sol, les murs, tout ça avec des matériaux très naturels, comme j’aime bien, des tomettes au sol.
Ce qui était vraiment très difficile à vivre, c’est que c’était fait à la va-vite, et pas du tout dans ma façon de faire. Plein de choses étaient très mal faites, parce que pas réfléchi.
Par exemple, le sol, c’était des grandes tomettes, mais c’était posé en dessous sur tout un tas de… de pierres de terrasse empilées les unes aux autres, ce qui faisait que le sol était un peu de guingois et un peu branlant.
Il y avait une douche où on avait attaché le receveur de douche avant de mettre le carrelage, donc le carrelage contournait le receveur. Et puis les plans aussi n’avaient pas été respectés, il y avait deux salles de bain, deux toilettes, alors que j’avais pas dessiné ça.
Le chauffe-eau aussi était à moitié incrusté dans le mur, ça ressemblait à rien.
Ils avaient enduit un tronc avec de la terre, qui aurait été beaucoup plus beau en bois brut.
Voilà, donc ça donnait vraiment une ambiance très, très… très pauvre, fait n’importe comment, fait sans réfléchir.
Ici autour de moi, où j’habite, en Bretagne, il y a pas mal de gens qui rénovent eux-mêmes et qui arrivent à des résultats comme ça. J’aime pas du tout ça, et je me demandais ce que j’allais pouvoir en faire.
Mais ce qui m’étonnait le plus, c’était de comprendre comment ils ont fait ça en quelques jours ? Il y a tellement de travail, du long travail, du travail qui prend du temps, comment ils ont pu faire ça et combien ils étaient ? Et qui était la tête de tout ça ?
J’ai pensé à un moment à ma femme de ménage, Christine, qui est une personne très… très embrouillée dans sa tête, très désordonnée, très bordélique dans sa tête. Plusieurs fois, je pensais à elle dans mon rêve. Je sais que mon père est passé furtivement un moment.
Je sais que je n’osais pas du tout dire que je n’aimais pas.
Ça, c’est peut-être le nœud du truc, j’étais toujours en train de me demander, mais comment je me sens ? Comment je me sens ?
Et en fait, je n’osais pas répondre à cette question.
A un moment, je me suis vraiment dit : je ne me sens pas bien, je n’aime pas. Et je sentais que ça me réveillait trop, ça. C’est comme s’il je ne devait pas me l’avouer.
Une lecture possible :
“Mon espace intérieur a été construit par d’autres, trop vite, trop fort, et sans me demander mon avis.”
Cette maison bricolée à la va-vite, c’est tellement parlant ça ressemble :
- aux parts qui ont “bâti” ta façon d’être pendant des années
- en mode urgence, survie, protection
- pas du tout au style que tu veux aujourd’hui
- sans finesse, sans beauté, sans respect du bois brut, du naturel, du sens
- et qui ont “fait comme ils ont pu” mais…
ce n’est plus toi.
Et dans le rêve, tu revis EXACTEMENT l’expérience de :
- revenir chez toi,
- découvrir ce qui a été “fait pour toi”,
- te rendre compte que ça ne te ressemble pas,
- sentir le malaise monter,
- et ne pas oser dire “je n’aime pas” parce que tu aurais l’impression de rejeter ceux qui ont “aidé”.
Christine, ton père… ce ne sont peut-être pas “eux”, mais des symboles d’une certaine manière de faire dans ta vie : désordonnée, rapide, maladroite, non accordée à toi.
Genre : “Tiens, on t’a construit une structure, c’est un peu n’importe quoi, mais c’est censé t’aider. Dis merci et débrouille-toi.”
Et ce moment où tu veux sentir “comment je me sens”…
… mais tu n’oses pas.
C’est peut-être le cœur même de ton processus actuel :
oser sentir ton vrai goût, oser dire “non”, oser reprendre ta maison intérieure.
Parce que dans le rêve, ce qui te réveille, ce qui brûle presque, c’est juste :
“Je n’aime pas ce qu’on a fait à ma place.”
Et tu imagines l’impact que ça aurait…
- sur les parts qui ont fait ça
- sur l’histoire de ta famille
- sur tous les anciens modes de survie
- sur les vieilles injonctions à dire merci, à être poli, à accepter, à ne pas froisser
C’est comme si une part très ancienne en toi disait :
“Tu n’as pas le droit de dire que tu n’aimes pas. Tu n’as pas le droit d’être difficile. Tu n’as pas le droit d’avoir un goût.”
Et un autre bout beaucoup plus vivant répondait :
“… si, en fait.”
C’est gigantesque, ce truc.