Je me suis réveillé quelques fois cette nuit mais à chaque fois je me suis endormi, j’ai même eu l’impression d’avoir eu beaucoup de confort dans mon sommeil, je me souviens avoir gémis de plaisir quand je me retournais. Ce matin il fait vachement beau dehors et je me sent toujours lasse. J’ai fait de nombreuses petites bricoles ce matin mais je sentais bien que j’étais tendu, énervé, qu’il fallait pas me chauffer, que je suis pas tout à fait là en fait.
Dédé est passé nous saluer ce matin, pendant que j’étais occupé à préparer les vélos pour les enfants, Soazig est parti au bourg avec eux histoire de voir si c’était possible de les amener un jour en vélo à l’école. Quand Dédé est arrivé, j’ai senti un abattement, quelque chose qui me dit que non, vraiment pas, ce n’est pas le bon moment pour venir me voir, je me sent tellement pas disponible. J’ai feinté la surprise et le plaisir mais je rencontre de plus en plus de difficultés à surmonter mon état pour en montrer un autre. Sans doute que ce n’est plus la bonne technique pour moi, faudrait plutôt que je fasse avec mes états, savoir être souple avec eux, savoir feinter, mais ce n’est vraiment pas mon fort.
J’ai enfin attaqué le problème de l’antenne sur le gîte de l’onglet de mon, il me manque à présent une pâte de fixation à ma sans doute plus haut et du matériel pour fixer tout ça. Au moins maintenant je sais où je vais, en tout cas je l’espère…
Soazig reviens avec les enfants, je suis impatient de savoir comment ça s’est passé. Capucine était plutôt très fatigué sur le retour, sinon l’allée s’est bien passé. Demain on teste le voyage en vélo vers l’école.
J’ai l’impression que summa sur mon apparence plutôt tranquille aujourd’hui, et tapis une bête prête à bondir plein de vivacité, pleine de vie voire de violence. La moindre frustration me fait démarrer au quart de tour. Je sent l’excès juste en dessous de ma peau. Le moindre truc de travers des enfants je m’enflamme. Tout à l’heure nous étions au camping et je raconter l’histoire que nous avions vécu avec Ronan Asnar. J’ai bien vu comme moi ça Bouillet grave, sûrement pas contre Ronan, ça bouillait tout court.
Pourtant l’humour n’est jamais loin, voir juste à côté, voire presque en même temps. Il suffit d’un regard croisés avec Soazig pour que je tourne en dérision mon état de tension. C’est presque comme si je l’accepté cette tension.
Tout à l’heure j’ai terminé d’installer l’antenne de la sous, la moindre frustration faisait faisait devenir fou.
Je suis assez content de retourner demain à Mauron sur le chantier, avec Soazig. J’ai fait un tour tout à l’heure avec Dédé et le compte rendu de ce qu’il reste à faire est tout de même assez motivant, beaucoup de finitions et cela va vite ressembler à quelque chose.
En fait, je me rend compte que je suis très avare de mon temps.
Evidement je juge cet état de fait comme négatif. Déjà le « mon » me gêne. Je n’avais jamais vraiment remarqué mais la propriété privée du temps, « mon » temps peut sembler étrange. Comment peut t’on s’accaparer une chose aussi universelle que le temps ? Comment puis-je penser « mon » temps ? J’ai l’impression que je m’accapare le temps à partir du moment où j’ai l’intention de réaliser quelque chose et surtout que je me fixe un temps défini pour le réaliser. J’ai l’impression que si je n’avais rien à faire, les événements pourrait m’arriver sans que j’ai vraiment l’impression de « perdre » mon temps.
J’ai tout d’un coup l’impression que le temps n’appartient à personne et que dès le moment où je fuis un événement parce que je n’ai pas de « temps à perdre » je passe à côté de ce qui rendrait une vie plus poétique. C’est marrant, c’est ce dont je me plaint souvent, le manque de poésie dans mon esprit. Je devrais essayer l’ouverture au temps « perdu ».
Cette façon de m’accaparer le temps génère une quantité phénoménale de frustrations et de colère. A partir du moment où un événement imprévu arrive, il est perçu comme un ennemi or qu’il pourrait être perçu comme une ironie du sort, la part de dieu dans le temps.
Qui autour de moi laisse couler le temps et les événements sans s’accaparer quoi que ce soit. Et à l’inverse, qui autour de moi s’accapare chaque seconde qui passe ?
Pour le second j’ai bien ma petite idée. Je pense à mon géniteur de père. D’ailleurs, plus le temps passe, plus cette tension l’habite. J’ai l’impression qu’il a toujours une façon de voir le temps qui va passer, que la tension s’installe à partir du moment où l’événement ne se déroule pas tel qu’il l’imaginait. Je me demande si il n’y a pas aussi une notion de moralisation du temps qui passe : mon plan pour le temps à venir est le bon et tout ce qui s’y incorpore ou ce qui empêche mon plan n’est pas bon, méchant vilain pas beau.
Pour le premier, je pense à toutes ces personnes que j’ai pu admirer. Cette façon d’être heureux avec ce qui leur arrivait, ne prenant rien comme un obstacle
