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Séance IFS

Rencontre au rond-point de Plançenoit.

La rencontre

Il y a quelques jours, je me sentais triste à mourir. Je ne pouvais pas accomplir les tâches quotidiennes, la triste était trop lourde.
Je n’avais d’autres choix que d’aller prendre le temps de la rencontrer, elle était trop lourde et trop collée à moi.

Je me suis donc installé confortablement, prêt pour un grand voyage. Cependant, je ne trouvais pas les mots pour l’accueillir, je me sentais incapable de savoir comment commencer la rencontre, elle était trop collée à moi.

Petit à petit, elle apparait à moi.

À force de tâtonnement, d’essais, d’images, je commence à entrevoir les formes et l’énergie de cette part. Un clochard qui semble un adolescent, rejetée, bannie qui se sent triste, lourde, seule, sale. Je comprend cela à son apparence et à son emplacement : une aubette de bus, dans laquelle j’avais pris conscience, un jour où j’avais séché les cours, que même quand je jouais au rebelle, la vie était nulle, sans aucune sensation de liberté.

« Je sens une énorme fatigue, un poids tellement gros à lâcher, tellement d’errance, tellement de manque de reconnaissance, tellement de solitude. »

La rencontre est très touchante, j’ai des bouffées d’émotions, je rencontre sa solitude d’être incompris. Je la sens de plus en plus précisément et je lui offre un abri et une maison. Je ne la force pas et je vois qu’elle reste sur le seuil. Mon accueil et mon amour la rendent plus vivante, mais elle porte encore tout le poids du rejet.

« Même si tu es tout foutu, tout cassé, tout plein de trous, tout raté… je t’aime tellement. »

“Je te vois. Tu es encore fatiguée.
Tu peux rester assise ici, sur ce banc, à cette aubette.
Mais maintenant, tu n’es plus seule.
Et même si je ne sais pas encore comment t’aider,
je reviendrai. Toujours.”

Je me sens plus apaisé et un peu sonné. Je viens d’accueillir une part très ancienne, et très importante, structurante.
Je ne sais pas encore ce que je fais vraiment.
Je doute aussi, malgré les sensations dans le corps, malgré l’évidence. J’écoute le doute qui me met en garde contre les lubies ou les croyances. Cette histoire se révèle alors un peu plus vraie.

Je me demande alors où sont les managers, où sont les protecteurs de cet exilé. Comment ça se fait que j’ai accès à un exilé si important sans grande résistance, mis à part une voix qui tente de me faire douter.

Une première part manager apparait

Une première part me parle de son dégoût pour l’apparence de ce SDF, ce miteux personnage. Je la comprends et lui confirme que si on ne regarde que son apparence, il y a de quoi sentir tous les voyants au rouge.

Ensuite une douleur

A ce moment je ressens des contractions très profondes dans mon estomac. Sensations que je commence à connaitre et qui m’assaillent depuis que j’ai fait la première rencontre avec ces parts profondes et anciennes.

La première fois que les contractions sont apparues, je me suis retrouvé dans le canapé, avec une sensation et une incompréhension si forte que j’ai beaucoup pleuré. Ces pleurs avaient fait diminuer, voire fait disparaitre les sensations dans l’estomac. J’avais donc fait un lien avec une part extrêmement blessée, peut-être cet adolescent rencontré pour la première fois quelques jours plus tôt et que j’avais vu attendre son bus, lié à une sensation de contraction très très intense entre les deux côtes.

Je ne sais donc pas encore à ce moment si cette sensation dans l’estomac est le signe d’un exilé qui a mal ou d’un protecteur qui a peur.

Mon intuition me dit que c’est une part qui a peur de mon agissement, comme si elle avait peur que cet exilé soit soigné.

« Toute cette histoire est triste et presque belle à la fois. »