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Séance IFS

Respecter l’ordre établi

Après la rencontre d’hier avec ce SDF près de l’aubette de bus, je me sens soulagé, mais inquiet. Est-ce que tout cela est vrai, est-ce que je fais bien d’aller si profondément sans formation ? Je sens aussi un peu d’inquiétude à y retourner, voir peut-être que tout ça, c’est du flan, voir que je me plante…

Début de séance

Mais je m’installe avec mes doutes et mes questions et commence :

« Et toi, toi que j’ai rencontré hier et qui n’était pas en grande forme, j’aimerais savoir comment tu vas aujourd’hui. J’aimerais savoir si ça te fait du bien de relâcher ? »

J’accueille les sensations de cette part et aussi la part qui doute.

« j’ai tellement peur que ça soit faux, que ce soit une hallucination ou un tour de mon cerveau. Mais non, mais je te vois quand même, avec cette fatigue. Et ce doute est sûrement là pour m’aider à garder la tête sur les épaules, comme un gardien du sérieux du travail. Tu es là pour t’assurer que je ne pars pas dans des voies inutiles, ou dangereuses, ou dans des lubies, ou dans des rêves. Et je te remercie pour ça. »

Ensuite je comprends que cet SDF parfois se bat pour exister et se fait repousser par la police. Il est aussi constamment observé par un guichetier qui s’attarde à vérifier que ce SDF est toujours bien KO. Il vérifie tout mouvement, toute volonté de se relever.

« Je remarque que quand je te vois en train de pousser, quand je vois ces policiers qui te repoussent aussi, c’est là que j’ai une boule au ventre, c’est là que j’ai mal au ventre. »

Je commence à comprendre pourquoi il serait dangereux que ce SDF aille mieux, pourquoi des parts ont peur de mon travail de réconciliation avec lui.

« Je remarque que quand je te vois en train de pousser, quand je vois ces policiers qui te repoussent aussi, c’est là que j’ai une boule au ventre, c’est là que j’ai mal au ventre. »

Alors je lui parle et je sens que quand je comprends sa mission et sa peur, mon estomac s’apaise instantanément :

« Je sens que pour toi, c’est très, très, très, très rassurant que ce clochard soit appauvri, affaibli, rabaissé. »

La prise de conscience fondamentale

Je comprends alors que je mets en stress intense une part qui me protège en gardant ce SDF affaibli. Je comprends que je vais trop vite pour lui, pour d’autres aussi certainement. Je comprends que je joue un peu au cowboy dans le théâtre de ma psyché. Je me rends compte à quel point il est important de respecter cette posture qui dit « je viens vous voir, mais je ne viens pas vous demander de changer« .

Je prends conscience du respect nécessaire pour aborder le système d’exilés/manager. Je leur demande pardon pour mes méthodes un peu intense et peu respectueuse pour l’ordre établi.

« Je sous-pèse ce que ça veut dire d’y aller doucement, je sous-pèse ce que ça veut dire d’y aller avec respect parce que même si vous voyez bien que le self fait des belles choses, vous avez vraiment besoin d’avancer de manière sécurisée, apaisé et en confiance. Je vous demande vraiment, vraiment pardon d’avoir mis beaucoup de temps à comprendre ça. »

« Moi, je pensais que juste accueillir cet exilé, ce pauvre homme allait suffire à tout réparer, mais je remarque que ce n’est pas si simple, que chaque nouvelle information est importante et est à accueillir avec autant de délicatesse et de respect ».

Cette prise de conscience est intense, je comprends mieux l’existence presque matérielle des systèmes de protection intérieure.

« Je suis content de découvrir pourquoi, malgré mon accueil, cet être fatigué et mal habillé ne se sent pas encore de rentrer dans cette maison et… peut-être parce qu’il sait, lui, qu’il ne peut pas encore y entrer… Il ne veut pas trahir, peut-être ceux que je n’ai pas encore découverts. »

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Séance IFS

Rencontre au rond-point de Plançenoit.

La rencontre

Il y a quelques jours, je me sentais triste à mourir. Je ne pouvais pas accomplir les tâches quotidiennes, la triste était trop lourde.
Je n’avais d’autres choix que d’aller prendre le temps de la rencontrer, elle était trop lourde et trop collée à moi.

Je me suis donc installé confortablement, prêt pour un grand voyage. Cependant, je ne trouvais pas les mots pour l’accueillir, je me sentais incapable de savoir comment commencer la rencontre, elle était trop collée à moi.

Petit à petit, elle apparait à moi.

À force de tâtonnement, d’essais, d’images, je commence à entrevoir les formes et l’énergie de cette part. Un clochard qui semble un adolescent, rejetée, bannie qui se sent triste, lourde, seule, sale. Je comprend cela à son apparence et à son emplacement : une aubette de bus, dans laquelle j’avais pris conscience, un jour où j’avais séché les cours, que même quand je jouais au rebelle, la vie était nulle, sans aucune sensation de liberté.

« Je sens une énorme fatigue, un poids tellement gros à lâcher, tellement d’errance, tellement de manque de reconnaissance, tellement de solitude. »

La rencontre est très touchante, j’ai des bouffées d’émotions, je rencontre sa solitude d’être incompris. Je la sens de plus en plus précisément et je lui offre un abri et une maison. Je ne la force pas et je vois qu’elle reste sur le seuil. Mon accueil et mon amour la rendent plus vivante, mais elle porte encore tout le poids du rejet.

« Même si tu es tout foutu, tout cassé, tout plein de trous, tout raté… je t’aime tellement. »

“Je te vois. Tu es encore fatiguée.
Tu peux rester assise ici, sur ce banc, à cette aubette.
Mais maintenant, tu n’es plus seule.
Et même si je ne sais pas encore comment t’aider,
je reviendrai. Toujours.”

Je me sens plus apaisé et un peu sonné. Je viens d’accueillir une part très ancienne, et très importante, structurante.
Je ne sais pas encore ce que je fais vraiment.
Je doute aussi, malgré les sensations dans le corps, malgré l’évidence. J’écoute le doute qui me met en garde contre les lubies ou les croyances. Cette histoire se révèle alors un peu plus vraie.

Je me demande alors où sont les managers, où sont les protecteurs de cet exilé. Comment ça se fait que j’ai accès à un exilé si important sans grande résistance, mis à part une voix qui tente de me faire douter.

Une première part manager apparait

Une première part me parle de son dégoût pour l’apparence de ce SDF, ce miteux personnage. Je la comprends et lui confirme que si on ne regarde que son apparence, il y a de quoi sentir tous les voyants au rouge.

Ensuite une douleur

A ce moment je ressens des contractions très profondes dans mon estomac. Sensations que je commence à connaitre et qui m’assaillent depuis que j’ai fait la première rencontre avec ces parts profondes et anciennes.

La première fois que les contractions sont apparues, je me suis retrouvé dans le canapé, avec une sensation et une incompréhension si forte que j’ai beaucoup pleuré. Ces pleurs avaient fait diminuer, voire fait disparaitre les sensations dans l’estomac. J’avais donc fait un lien avec une part extrêmement blessée, peut-être cet adolescent rencontré pour la première fois quelques jours plus tôt et que j’avais vu attendre son bus, lié à une sensation de contraction très très intense entre les deux côtes.

Je ne sais donc pas encore à ce moment si cette sensation dans l’estomac est le signe d’un exilé qui a mal ou d’un protecteur qui a peur.

Mon intuition me dit que c’est une part qui a peur de mon agissement, comme si elle avait peur que cet exilé soit soigné.

« Toute cette histoire est triste et presque belle à la fois. »

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État des lieux adolescent

Le travail sur cet adolescent fait bouger des choses.

J’ai une peur physique qui advient le matin quand je suis encore dans mon lit et que j’entends mon fils se préparer pour aller au collège. Une peur qui s’exprime sous forme d’adrénaline dans mon corps, quelque chose qui a peur de me voir sans intervention.

Je comprends ce matin que, certainement, j’ai soutenu mon fils dans ses échecs à l’école en voulant le protéger. J’ai une sorte de conviction que mon fils n’est pas scolaire et vivra sa scolarité dans la douleur et toujours en combat avec l’échec, s’il ne plonge pas complètement dedans.

Je l’aurais soutenu dans cette position en ne supportant pas l’attitude de Soazig quand elle pousse Esteban à s’accrocher à ses études, quand elle n’est pas impressionnée par ses éclats d’émotions lorsqu’il ne réussit pas tel ou tel exercice ou quand il ne veut pas apprendre sa leçon.

Actuellement mon fils est dans sa première année de Collège et tout se passe bien : il a plaisir à s’y rendre, à y être, il s’implique relativement bien dans ses cours. Je le vis comme un miracle, au réel sens du terme. En moi j’ai l’impression que ça ne va pas durer, que c’est son destin de rater.
Je suis intensément fier et heureux de sa réussite, mais je reste très instable sur mes appuis face à cette situation.

J’ai l’impression de retrouver une énergie efficace en moi. Je me sens peu être plus léger, peut-être un plus libre d’être simplement moi.

Comme une impression que le codeur en moi utilise l’énergie de l’adolescent, mais en circuit fermé, sans ouverture vers l’extérieur. Cela semble très logique comme comportement. Il protège ainsi Sébastien d’utiliser sa créativité vers l’extérieur et que ça dérange et le mette en danger.