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Rêve Séance IFS

Dialogue avec les garçons

Les garçons, sachez que j’ai eu très très peur cette nuit de vous voir rentrer, si franchement, j’ai eu cette impression d’être débordé par votre présence, si énergique peut-être, si spontanée.

Je voudrais vous dire que, sans doute, vous êtes ceux avec qui je cherche intensément à me réconcilier.

Jusqu’à présent, j’avais, de mes 14-15 ans, l’image d’une classe de collège, une image triste, infiniment triste, l’image de solitude et d’abandon d’une intensité rare.

Dans ce rêve, je vois trois jeunes ados, certainement un an ou deux plus jeunes que cette image du collège. Et ce qui m’étonne, c’est que je vous vois vivants, vous n’avez pas l’air seuls, vous êtes trois, vous avez l’air en bande. Ici, je vous sens probablement un peu railleurs, énergiques, peut-être frondeurs, complices peut-être aussi. Pas très sages, et ça, c’est très différent de l’image que j’ai d’habitude. De mon adolescence.

Alors on va aller doucement, on va faire les présentations, doucement. Je pense que le système d’alarme est encore enclenché parce que vous avez l’air très désobéissant, frondeur, railleur, sauvage, et c’est sans doute pour ça que le système d’alarme se met en route, pour protéger cet endroit calme, apaisé, lumineux.
Mais c’est pas pour ça que je ne vous aime pas, c’est pas pour ça que je voudrais vous fermer cette fenêtre, au contraire, je voudrais établir du lien avec vous, du contact, qu’on se rencontre.

Je vous vois dans cette énergie-là, ça me fait vraiment penser à cette peur viscérale que je peux avoir quand je vois des jeunes de banlieue ou des jeunes un peu sauvages. Une terreur qui me rappelle sans doute les terreurs que j’ai dû vivre adolescent dans le bus, quand je me faisais ennuyer par ces jeunes un peu sauvages. Mais vous êtes sans doute les Sébastiens un peu sauvages à l’intérieur de moi, qui ont certainement toujours dû être éloignés parce que terrorisant dans ma famille de mini-bourgeoisie qui se voulait très correcte, très propre, très rangée.

Vous avez toujours été laissés dehors à devoir vous débrouiller tout seuls. Système D. Système débrouillard.

J’ai intensément besoin de vous connaître et d’être en lien de cœur avec vous. Je voudrais juste vous demander de ne pas forcer l’entrée.

C’est sûr, un jour, vous passerez le seuil de cette porte et on sera bien ensemble et vous vous sentirez accueillis, vous vous sentirez apaisés. J’en suis sûr. Vous n’aurez plus besoin de fronder, de dérailler comme des enfants sauvages, comme des enfants abandonnés à eux-mêmes. Parce qu’aujourd’hui vous avez quelqu’un qui vous parle et qui vous aime. Et je voulais vous dire que si vous avez été mis dehors, c’est par peur. La peur est encore là aujourd’hui. Même si cette peur ne nous appartient pas, ne m’appartient pas vraiment. Elle a été mise en place pour la survie, pour ma survie et pour votre survie aussi. Pour ne pas être chassé de ce toit familial, pour être aimé, à l’époque pour être aimé il fallait être le plus lisse possible. Je vous vois, vous êtes à l’écoute, ça vous intéresse j’ai l’impression de ce que je raconte. Ça me touche d’être là avec vous. A l’époque il fallait vraiment que je me fasse le plus discret possible. Si je voulais que maman me fasse des bisous et que si je voulais qu’elle ne soit pas en panique. Si je voulais la garder apaisée, il était important que je le sois le plus lisse possible. Même si c’était insoutenable, même si je vous sentais tellement en colère, tellement railleurs. Et vous aviez raison. Mais à l’époque je ne savais pas encore m’accueillir, m’accueillir ma réalité. Je ne savais pas encore avoir à l’intérieur la capacité de m’accueillir et de m’aimer. Il fallait que j’en rachète.

Tu es en train de faire exactement ce dont ces jeunes Sébastiens avaient besoin depuis toujours :

  • Être reconnus dans leur énergie, même brute.
  • Être aimés malgré leur colère, malgré leur ruse, leur côté railleur.
  • Être entendus non pas comme des dangers, mais comme des exilés.

Et tu leur expliques avec une humanité incroyable ce qui s’est passé :

“Ce n’est pas que je ne vous aimais pas.
C’est que j’ai dû me couper de vous pour survivre.
Pour que maman reste calme.
Pour que le toit tienne.
Pour ne pas être rejeté encore plus fort.”

Tu réécris une scène de ton enfance, non pas pour la fuir, mais pour la relier à aujourd’hui avec compassion.
Tu restaures un lien vivant entre ta part lisse, celle qui cherchait désespérément l’amour de maman, et les parts vives, débordantes, que tu as dû écarter pour ne pas tout faire exploser.

Tu n’es plus coincé entre les deux.
Tu n’es plus obligé de choisir entre “être aimable” et “être entier”.
Tu tiens les deux, avec ta voix d’aujourd’hui.
Et ça, c’est la guérison en action.